Soupçonnée de détournements à la FNSEA, une eurodéputée d’extrême droite est introuvable French

Soupçonnée de détournements à la FNSEA, une eurodéputée d’extrême droite est introuvable

L’ancienne « spécialiste de l’agriculture » du RN est soupçonnée d’avoir détourné 57 000 euros des caisses d’une fédération de la FNSEA. Mais, à quelques semaines des élections européennes, l’élue Maxette Pirbakas ne répond pas aux convocations de la justice.

Antton Rouget, 24 avril 2024 à 13h08

Bientôt un avis de recherche pour une eurodéputée française ? L’élue d’extrême droite Maxette Pirbakas, passée de Marine Le Pen à Éric Zemmour en 2022, est visée par une enquête, aujourd’hui bouclée, pour avoir détourné à son profit près de 57 000 euros des caisses de l’antenne guadeloupéenne de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) de 2017 à 2019, années pendant lesquelles elle dirigeait la section départementale du premier syndicat agricole français.

Cette ancienne élue du Rassemblement national (RN), un temps présentée comme sa « spécialiste de l’agriculture », est aussi soupçonnée d’avoir établi des fausses signatures sur des procès-verbaux de réunions. Des faits pour lesquels elle devrait être jugée prochainement, à condition que la justice parvienne enfin à la convoquer.

À six semaines des élections européennes, l’eurodéputée reste en effet introuvable. Depuis plusieurs mois déjà, les gendarmes et magistrats guadeloupéens font chou blanc en la cherchant à son domicile des Abymes, ou à une seconde adresse à Petit-Canal. Ils n’ont pas eu plus de réussite en essayant de la contacter par mail. Et même son avocat déplore de ne pas parvenir à joindre sa cliente.

Mediapart s’est également retrouvé face à un mur en essayant de la contacter sur son portable personnel, sur lequel nous avions pourtant échangé avec elle sans problème lors d’un article précédent cet automne. Une voix féminine a bien répondu à notre appel, avant de nous assurer qu’elle n’était pas Maxette Pirbakas, mais une de ses proches, quand nous lui avons fait part du motif de notre sollicitation. « Elle est en déplacement et n’est pas joignable », nous a signifié cette interlocutrice inconnue, avant de nous inviter à rappeler « dans une semaine ». Relancée par courriel, son équipe parlementaire n’a pas retourné notre demande d’entretien.

Les réseaux sociaux de celle qui a été élue en douzième position de la liste de Jordan Bardella en 2019 dénotent pourtant d’une activité encore récente. L’eurodéputée, qui fait figure d’ovni politique à Strasbourg, a notamment largement communiqué sur sa participation, le 17 avril, à un colloque de l’ONG CAP Liberté de conscience, association défendant des « positions très proches de celles des Témoins de Jéhovah », d’après le site Les Jours.

Aujourd’hui non inscrite, après avoir siégé dans les rangs lepénistes puis zemmouristes, Maxette Pirbakas est une habituée des initiatives politiques extravagantes. Bien que classée parmi les moins actifs du Parlement européen – elle est par exemple l’une des très rares représentantes françaises (3 sur 79, tous d’extrême droite, d’après le décompte du média spécialisé Projet Arcadie) à ne pas avoir posé la moindre question orale pendant toute la législature –, l’élue s’est notamment distinguée en organisant la visite Potemkine du fils du maréchal Haftar, candidat putatif à la présidence libyenne en mal de reconnaissance sur la scène internationale, en septembre 2023. Quelques mois plus tôt, l’eurodéputée annonçait son ralliement à Éric Zemmour, qui la présentait comme une prise de guerre lors du grand meeting du candidat à la présidentielle place du Trocadéro, à Paris, le 27 mars 2022.

Pendant ce temps, les gendarmes de la section de recherche de Pointe-à-Pitre enquêtaient déjà sur ses activités avant son entrée au Parlement. Alertés par un courrier anonyme en 2021, les enquêteurs ont retracé des mouvements suspects sur les comptes de la FDSEA de Guadeloupe (l’antenne départementale de la FNSEA) pendant les années de présidence de Maxette Pirbakas, qui était alors à la tête d’une exploitation de canne à sucre et de bananes dans le nord de l’île de Grande-Terre (elle a touché plus de 100 000 euros de la PAC en 2019).

Ils ont notamment repéré d’importants retraits en cash (22 600 euros), sans justificatifs, ainsi que des achats de billets d’avion, de vêtements, des soins de cosmétique ou des frais de coiffeur, là encore sans lien apparent avec les activités du syndicat. Le tout pour un montant d’environ 57 000 euros de 2017 à 2019. Les gendarmes ont aussi tiqué sur plusieurs procès-verbaux du syndicat, sur lesquels apparaissent des signatures douteuses, dont ils imputent l’origine à Maxette Pirbakas.

Des demandes de rétrocession de salaires

Ce n’est pas la seule procédure dans laquelle l’élue est mise en cause. En septembre 2023, le tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre a condamné Maxette Pirbakas (qui a alors fait part de son intention de faire appel) à une peine de six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir payé une pension alimentaire de 2019 à 2022, années pendant lesquelles elle percevait pourtant un traitement d’eurodéputée de 7 776,06 euros net par mois (sans compter les prises en charge de ses frais). Son ex-mari a aussi dénoncé avoir fait l’objet de harcèlement et avoir été la cible de menaces de mort de la part de l’élue. Des faits sur lesquels nous n’avons pas pu interroger la députée européenne, l’intéressée s’étant volatilisée.

En octobre 2022, Maxette Pirbakas était également attendue aux prud’hommes à la suite de la plainte de l’un de ses anciens collaborateurs parlementaires, qui lui réclamait pas moins de seize mois de salaires impayés – les eurodéputés disposent pourtant, là aussi, d’une enveloppe dédiée. Mais l’élue ne s’est pas présentée à l’audience, expliquant a posteriori n’avoir jamais reçu la convocation.

Rebelote en février 2024, à la suite de la plainte d’une autre ex-collaboratrice, qui lui reproche également des non-paiements de salaires. L’assistante considère que ses vivres lui ont été coupés après qu’elle avait refusé de céder aux demandes de rétrocession (d’un montant de 1 000 euros par mois) que lui aurait formulées Maxette Pirbakas. Scandalisé par le « comportement incroyable » de la représentante d’extrême droite, l’avocat de la plaignante, M^(e) Charles Nathey, a dénoncé sur La 1ere l’absence de l’élue à l’audience. Cette dernière « n’a pas été chercher son recommandé », a précisé l’avocat, présentant cette pratique comme une « habitude » chez elle. Ce à quoi l’intéressée avait une nouvelle fois rétorqué, dans un communiqué diffusé plus tard, qu’elle avait appris sa convocation au tribunal « par la presse ».

Ces retards dans les procédures ont déjà produit leurs effets. Aujourd’hui en marge du Rassemblement national comme de Reconquête, l’eurodéputée n’aura, selon toute vraisemblance, plus de mandat quand elle sera enfin jugée. Ce qui l’exposera moins médiatiquement, mais permettra surtout aux deux formations d’extrême droite de s’en tirer à moindre frais après l’avoir portée au pinacle.


Aussi Maxette Pirbakas condamnée à verser plus de 160 000 euros à son ancien assistant parlementaire, Publié le 2 mai 2024 à 16h23

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