Une journée à 10 km/h de moyenne 😳
Pas de motivation, pas de jus, et @emeline se retrouve embarquée sur la trace la plus gravel et la plus engagée de toute sa vie, sans possibilité de trouver une alternative une fois qu'elle y est.
En chemin, elle se demande même si Julien Absalon (ancien champion tricolore olympique de VTT parti de Trieste au mont Olympe en Gravel le mois dernier) aurait aimé passer par là.
Elle a tout eu dans cette journée : la montée à 15%, la descente à 15%, les cailloux, la boue, les branches, et même la traversée d'une rivière.
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Elle ne sait pas si on peut encore parler de vélo tellement elle a marché.
Malgré les paysages et la gentillesse des gens, cette traversée de l'Albanie lui donne l'impression d'une terre hostile qu'elle n'a qu'une envie depuis deux jours : de fuire. À coup de 50km par jour, ça va prendre plus de temps que prévu 😅
Elle arrive péniblement à Elbasan, le déluge commence et elle s'arrête au premier hôtel qu'elle trouve. Elle n'a plus d'espèces à part 10€, le gérant lui fait comprendre qu'il lui offre la chambre.[...]
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Il lui offre également pizza et boisson, et elle est terriblement gênée (et même un peu sceptique il faut l'avouer) devant autant de gentillesse.
Ils communiquent à coup de Google Translate pendant la soirée.
Une petite dizaine d'italiennes et italiens sont présents et lui demandent ce qu'elle fait là si ce n'est pas pour se refaire les dents 😅.
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Elle a presque envie d'oublier cette journée. Elle portera une attention particulière aux traces des prochains jours pour s'éviter une seconde fois cette situation.
L'heure des choix approche : d'après ses calculs, impossible de faire l'ascension du mont Olympe et visiter Athènes dans le temps imparti. Pour l'heure, elle va juste essayer d'avancer mais les renoncements qui se profilent lui font un peu de peine. [NDCM : ]
@emeline passe les 3000 km et pourtant aujourd'hui était une journée sans.
Le début était prometteur :
un réveil en douceur par une prière catholique chantée par une voix de femme au haut-parleur (l'Albanie est un des rares pays où vous pouvez entendre simultanément le chant venant d'une mosquée et les cloches d'une église par exemple, les religions vivent côte à côte en parfaite harmonie)
un petit déjeuner de luxe au camping
un soleil éclatant
Elle avait presque envie de plonger une tête dans la piscine !
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Et pourtant, le contraste entre cette journée et les précédentes est saisissant.
La route qu'elle emprunte est toute plate mais ne lui plaît pas du tout.
Elle a l'impression de traverser plus des bidonvilles que des villes 🥺
Des maisons détruites ou abandonnées aussi, de nombreux déchets partout, et beaucoup (beaucoup !) de chiens errants qui lui font peine à voir. Le pays est beaucoup plus pauvre et ça se ressent aussi financièrement : elle peut déjeuner pour 2€, dormir dans un lit avec petit déjeuner pour 10€...
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Elle y croise aussi plus de vélos que jamais (locaux et cyclovoyageurs) sans se l'expliquer : est-ce parce que le pays est plus pauvre ? Plus plat ? Est-ce plus ancré dans les mœurs ? Est-ce la seule route permettant de traverser le pays ?
En tout cas les conducteurs sont très précautionneux dans leur dépassement ici, et n'hésitent pas à attendre derrière moi ou à complètement se reporter sur la voie de gauche.
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Elle a eu l'impression de pédaler uniquement par nécessité pour avancer dans son trajet, elle n'a pas vraiment su profiter de sa journée, c'est la première fois du voyage et ça la surprend.
Les gens la repèrent très vite ici, souvent avant qu'elle ne les voit et elle a droit à des "hello" très enthousiastes criés de loin et de grands sourires la plupart du temps. Des petits klaxons et pouces levés d'encouragement aussi ! Elle doit reconnaître que ça a fonctionné plusieurs fois.
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Il y a des stations de "lavazh" absolument partout, tous les 50 ou 100m. Après une heure sous la pluie, en voyant l'état des routes et de ses jambes, elle comprend mieux !
Elle a donc interrompu sa journée dans une auberge de jeunesse à Tirana après être passée de 33 à 13° et sous une heure de pluie avant d'arriver. Aujourd'hui sera-t-il ce jour où elle a attrapé un coup de soleil le matin et un rhume le soir ?
Une des choses qu'@emeline redoutait le plus est arrivée : tomber en rade de téléphone pendant le voyage.
Deux personnes lui avaient suggéré d'avoir un 2e téléphone avec elle juste au cas où, "car c'est jamais cool quand ça arrive", et elle était même allée faire changer la batterie avant son départ car elle ne tenait plus la charge.
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Moins de 24h après avoir dit à une copine qu'elle ne déconnectait peut-être pas assez pendant ce voyage, le coup du sort : le téléphone ne reste plus allumé s'il n'est pas en charge. Et même en charge, la batterie chauffe tellement qu'il s'éteint au bout de 2 minutes.
Elle profite de ces 2 minutes pour charger la trace du jour sur son GPS et il rend l'âme.
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Son hôte lui indique qu'elle aura une chance de dépanner ou remplacer son téléphone à Podgorica, ville aéroportuaire la plus proche à 30km de là. Cela impliquerait un détour et surtout ça voudrait dire qu'elle adapte sa trace spécifiquement pour le téléphone, ce qui ne la motive pas.
Elle décide au contraire d'accepter cet imprévu qui l'incitera à travailler sa mémoire visuelle et son adaptabilité plutôt que de se rassurer à coup de photos, et à vraiment vivre l'instant présent.
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Cela devait évidemment tomber le jour où elle traverse ce qui ressemble aux plus beaux paysages que elle ait vus dans ma vie...
Donc maintenant imaginez : "Waouuuuh. Rhooooo. Mais non... Sublime ! Que c'est beauuuuuu"
Vous y êtes ? 😅
Et pour tenter une description : elle a emprunté la route panoramique du lac Skadar. 42 km de route à flan de falaises, avec des montagnes à perte de vue tout autour d'un immense lac turquoise. Des nuages blancs et cotonneux qui masquent leurs cimes.
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Il y a des îlots sur le lac. La veille au soir, la lune et le ciel rose donnaient une image vraiment surréaliste du paysage, il faudrait qu'elle demande à une IA de le simuler (évidemment elle plaisante).
Tout ça pour dire que de toute façon ça aurait forcément moins bien rendu en photo... [NDCM : ou pas ! 😜]
Encore une belle journée de grimpette. Elle profite de chaque goutte de sueur et de chaque frisson. Elle entend les animaux bouger dans les feuillages à son passage. Savent-ils seulement qu'elle a souvent aussi peur d'eux qu'eux d'elle ?
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Elle a l'impression d'être Blanche Neige, entourée d'animaux. Des nuages de papillons volent autour d'elle et l'accompagnent sur son trajet.
Elle a passé la frontière albanaise en clandestine, sans voir de douane, elle espère que ça ne posera pas de problème pour ressortir du pays [NDCM : 🤞]. Elle s'en est rendu compte à force de voir des plaques d'immatriculation albanaises... En fait soit la frontière est poreuse, soit elle n'aurait pas dû passer par le sentier qu'elle a emprunté.
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Plus un chemin de rando qu'autre chose, elle a dû pousser le vélo après avoir suivi une route qui s'est arrêtée littéralement au milieu de nulle part.
Elle a rencontré 4 bovins à cet endroit. Ils se bloquaient mutuellement le passage, et elle n'avait aucune envie de prendre un coup de cornes. Ne sachant trop que faire, elle s'est figée, puis elle s'est faite discrète et mise sur le côté. Ils ont été plus téméraires qu'elle : les animaux ont décidé de passer à côté d'elle en la surveillant de l'oeil, et elle du sien.
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Ils devaient se demander ce que faisait cette étrange créature casquée sans cornes dans le coin. Ils ont tracé leur chemin et libéré le passage qu'elle a pu emprunter. L'agilité de ces animaux puissants dans des terrains comme celui-ci l'étonnera toujours.
Elle arrive à Shkodër et elle se fait guider jusqu'à un endroit où elle peut faire réparer son téléphone.
Elle attend l'heure de la réouverture dans un parc où un monsieur lui fait goûter des mëna (mulberries), un fruit pulpeux qui lui fait penser aux mûres à l'aspect, à du raisin au goût.
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Des hommes jouent à des jeux d'argent avec beaucoup d'animation sur la table d'à côté. Une prière se fait entendre au haut-parleur d'un minaret.
Par elle ne sait quel miracle, 30 minutes plus tard, elle repars avec une batterie Samsung neuve, un téléphone fonctionnel et un coup à boire payé par le réparateur (c'est le monde à l'envers non ?)
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Elle peut chercher en toute tranquillité son hébergement pour le soir. Malheureusement, le couple mythique de Warmshowers est introuvable sur l'application, elle ne pourra donc pas ajouter ses empreintes sur le désormais célèbre mur de leur appartement.
Elle s'arrête à un camping à la sortie de la ville qui fait aussi bar, restaurant, piscine... Le lieu est superbe, on peut monter en haut d'une tour voir la vue sur le château et sur le camping.
Elle rattrape ses messages de cette journée off et elle est contente de dormir en tente.
(10/10)
On y est : au jour de l'ascension de la mythique route serpentine de Kotor par laquelle @emeline avait fait exprès de faire passer ma trace 🤩
Elle se mets en selle à 12h30.
Ça démarre fort pour sortir du village avec quasiment 150m de D+ en à peine 2km. Elle s'installe à son rythme, la route est peu fréquentée, elle avance lentement mais sûrement par 33°.
Elle salue les rares cyclistes ; certaines voitures, vans et bus y vont aussi de leur encouragement. "Ça c'est un vrai vélo" est une phrase qu'elle entend, suivie d'un "bon courage !"
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Elle pense que son moi du futur veut prévenir son moi du présent car elle écrit dans la carte postale qu'elle s'envoie à elle-même (oui oui, elle fait ça pendant ce voyage 😁) : "Je commence à avoir des problèmes de téléphone et ça ne me rassure pas pour la suite... Attention hein... Tu sauras certainement te débrouiller"
La journée se poursuit avec des paysages de montagnes plus magnifiques les uns que les autres et se termine sur la "Panoramic road" dans le parc national du lac Skadar à la tombée de la nuit.
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Elle presse l'allure malgré le dénivelé car elle ne se sent pas en totale sécurité avec la nuit qui arrive. Se retrouver nez à nez avec un sanglier ou un loup n'est pas une idée qui l'enchante particulièrement. Heureusement, les films qui se jouent dans sa tête ne sont pas la réalité, seul un blaireau-raton-laveur-elle-a-pas-bien-vu-ce-que-c-était aura frôlé ses roues et elle gère désormais les chiens de garde avec calme, mais elle est tout de même soulagée de retrouver la lumière des habitations.
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En revanche, elle est bien incapable de trouver de nuit le lieu du camping qu'elle a réservé et elle n'a plus de batterie pour les contacter.
Son GPS l'arrête dans une ruelle où elle est accueillie par les aboiements d'un chien puis trois enfants. Ils se comprennent très mal mais ils finissent par faire venir leur mère. Elle explique être en recherche d'un logement pour la nuit, la mère contacte un de ses voisins qui a des chambres à disposition et qui dépanne @emeline.
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Pour 20€, Elle a l'appartement le plus grand et le plus luxueux dans lequel elle a dormi depuis le début du voyage et elle se couche sans pouvoir mettre à jour Strava ou Polarsteps mais en ayant pu prévenir ses proches de ses problèmes de téléphone [NDCM : et son CM préféré aussi 😘 ].
Aujourd'hui, c'est la Fête Nationale de la #Grèce !
Quel meilleur jour que celui-ci pour plancher sur mon itinéraire à vélo jusqu'à Athènes, à peine plus d'un mois avant mon départ ? 🔥
Evidemment, ce ne sont que les grandes lignes, et la faisabilité de certaines journées (coucou le col du Lautaret 🥵) reste à vérifier (bon, les Alpes, il va forcément falloir les traverser à un moment 😅).
L'itinéraire retour est aussi en cours d'élaboration, a priori 4 jours pour prendre le bateau depuis la Grèce et toute la ribambelle de trains jusqu'à Paris.
40 jours pour faire 3500km et quasi 30 000 (30 000 ?? 😱) mètres de dénivelé : on y croit ou pas ? 😬