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Affaire Legay : l'histoire du document qui a fait condamner le commissaire de police

Par Michaël Hajdenberg, coresponsable du pôle Enquête de Mediapart.

C'est une première. Le commissaire Rabah Souchi a été condamné le 8 mars à six mois de prison avec sursis. C'est lui qui avait ordonné en 2019, à Nice, la charge ayant causé de graves blessures à la militante pacifiste Geneviève Legay, lors d'une manifestation.

Fait exceptionnel : le policier qui a renversé la septuagénaire n'a, lui, pas été poursuivi. Il n'avait fait qu'appliquer les ordres.

Mais sans un document récupéré par la journaliste Pascale Pascariello pendant son enquête, le commissaire Souchi ne se serait probablement jamais assis sur le banc des prévenus.

Pascale Pascariello a tout révélé dans cette affaire : les mensonges du commissaire, du maire, d'Emmanuel Macron ; les causes réelles des blessures de la manifestante ; l'enquête préliminaire biaisée (conduite par la compagne du commissaire).

Mais un élément a été décisif. Au cours de son enquête, Pascale Pascariello apprend de la part d'un de ses contacts gendarme que le jour des faits, un capitaine de gendarmerie à la tête d'un escadron de 60 hommes a refusé de charger et s'est opposé aux ordres du commissaire.

« D'abord je me méfie. On est toujours dans l'idée qu'il peut y avoir une guéguerre entre policiers et gendarmes. Mais je me dis surtout que les gendarmes notent tout, font des rapports. Et que si un capitaine s'est vraiment opposé, le compte rendu doit se trouver quelque part. »

Mais impossible de mettre la main dessus. L'affaire est ultra-sensible politiquement. Il faut être sacrément courageux pour oser prendre le risque de désavouer la police, le ministre et le président de la République qui se sont tous mouillés dans cette affaire.

Le contact de Pascale Pascariello a une capture d'écran. « Il me la lit, sans vouloir me la transmettre. Et puis ça ne suffit de toute façon pas. Il faut que j'aie le rapport entre les mains. Je sais que la hiérarchie policière est capable de démentir, d'enfumer, de faire corps et de contre-attaquer. Et puis si je suis poursuivie en diffamation, il faut que j'aie les preuves matérielles de ce que j'avance. »

La journaliste parvient à connaître le nom de l'auteur du compte rendu. Puis à obtenir son numéro de portable. Mais il refuse de lui répondre.

Pascale Pascariello, coincée, ne cesse alors de rappeler son contact initial. « Il décrochait et, avant même que je ne puisse parler, me disait : "Je sais : c'est pour le rapport..." »

Un jour, confie la journaliste, une de ses meilleurs sources policières lui a offert une édition ancienne d'un livre de Jules Vallès pour la féliciter de son travail tout en la moquant : « Vous nous avez par l'épuisement. »

En effet. De guerre lasse, son contact initial finit par la mettre en relation avec un gendarme très haut gradé, dont elle sait qu'il a été destinataire dudit rapport (et qui a donné son accord à la journaliste pour qu'elle fasse aujourd'hui part de ce rendez-vous sans le nommer).

Il sait ce qu'elle veut, lui donne rendez-vous dans sa caserne. « Vous n'avez qu'à sonner et vous annoncer. » La journaliste se désespère : quand on récupère un document sensible, c'est rarement dans un lieu aussi peu discret, au vu et au su de tous. « Et quand j'arrive, c'est encore pire : il me fait visiter la caserne, me présente à une chargée de communication. J'essaie de rester aimable et courtoise mais je me dis que je perds mon temps. »

Impression confortée quand elle pénètre dans son bureau feutré, fermé avec des doubles portes très épaisses, en cuir. « On va être clair. Vous venez pour la note, mais vous ne l'aurez pas. »

Pascale Pascariello se lamente : « Ben oui, maintenant que vous m'avez présentée à tout le monde... »

Le gendarme la détrompe : « Ça, ce n'est pas un problème. J'assume de voir Mediapart. Mais je ne voudrais pas attirer des problèmes au capitaine qui a refusé les ordres. Qu'on puisse croire que c'est lui votre source. Ou même le placer au centre de l'attention, ce qui pourrait lui être préjudiciable. Car ce qui est regrettable, poursuit-il, c'est qu'on ne soutienne pas de tels comportements. Quand un gendarme refuse un ordre illégal, on devrait l'encenser. Or c'est tout le contraire. »

La journaliste le travaille au corps, le fait parler du maintien de l'ordre en général. « Si ce n'est pas une copie, je peux au moins prendre une photo », retente-t-elle.

Rien à faire : « Non. Vous la recopiez, mot pour mot, et c'est tout. » Pascale Pascariello a alors recours à une technique bien à elle : « Je boude. Je dis : "Ben oui, je vais la recopier. Mais je me demande bien à quoi ça sert." Je souffle. Je note. Je rouspète. »

Et là, le gendarme s'excuse et se lève, quitte le bureau. « Je vous fais confiance. » La note est restée, elle. Sur le bureau. Devant Pascale Pascariello. « Je sais que les gens vont se dire : "Mais qu'est-ce qu'elle est bête Pascariello !" Ils vont se dire que s'il est sorti, c'est qu'il ne voulait pas voir ça, il ne voulait pas m'autoriser formellement à le faire, mais voulait que je la récupère. Il avait sûrement besoin de cette béquille psychologique pour franchir le pas. »

Mais la journaliste ne se lève pas pour s'en emparer et la photographier. « J'ai mon téléphone dans la main. J'hésite. Je me dis qu'il m'espionne peut-être, qu'il peut y avoir une caméra, un piège, qu'il teste peut-être la confiance qu'on peut m'accorder. Et puis je ne comprends pas : il a l'air franc, carré, courageux. Pas tordu. Dans ma tête, ça cogne : je le fais, je ne le fais pas ? Je le fais, je ne le fais pas ? »

Ses fesses décollent légèrement de sa chaise mais ses pieds restent scotchés au sol. « Il s'est peut-être absenté cinq minutes mais ça m'a paru très long. Et quand il a ouvert la porte je me suis mordu la lèvre et je me suis dit que j'étais vraiment trop bête. »

Le gendarme ne se rassoit pas : « Bon, je crois qu'on a fait le tour de la question, madame. » La journaliste se dirige vers la porte. « Et là, il me hèle : "Attendez ! Je crois que vous avez oublié quelque chose." Et il me tend la note. »

« Je me suis retenue de ne pas le prendre dans mes bras. J'étais tellement contente. Tellement admirative aussi. Il savait les risques qu'il encourait. »

Le gendarme lui explique : « Ma direction a la note mais va l'enterrer. Elle ne sera jamais transmise à la justice et personne ne saura jamais qu'elle a existé. Il n'y a que par vous que la vérité peut émerger. »

De fait, c'est la publication de cette note qui obligera l'IGPN, la police des polices, à questionner la responsabilité du commissaire. « Le fait qu'on sache qu'un capitaine de gendarmerie avait refusé d'appliquer cet ordre insensé de Souchi a changé l'orientation de l'enquête. Sinon, c'est le policier ayant heurté Geneviève Legay qui aurait été poursuivi », analyse la journaliste.

Près de cinq ans plus tard, le commissaire a donc été condamné. Et aujourd'hui, dans les écoles de formation de la gendarmerie, le cas Legay est étudié ; aux élèves, ces mots sont adressés : « Rappelez-vous que vous avez le devoir de refuser un ordre illégal ou disproportionné. »

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Aboumael, to random French

On avait l'habitude d'entendre "quand tout sera privé on sera privé de tout", voilà nous y sommes.
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[Reporterre] - Dans les #AlpesMaritimes, un marquis privatise 90 % de la nature.

Dans les Alpes-Maritimes, un espace naturel de 700 ha est désormais interdit au public. Le marquis propriétaire des terres a embauché des gardes pour faire respecter cette réglementation, issue d’une loi adoptée en février 2023.

https://reporterre.net/Dans-les-Alpes-Maritimes-un-marquis-privatise-90-de-la-nature

#RevueDePresse
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Manifestations interdites à Nice: le préfet Moutouh défie le tribunal administratif

À quatre reprises, le tribunal administratif a annulé des arrêtés du préfet des #AlpesMaritimes interdisant les #manifestations organisées le samedi par le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens. Une cinquième interdiction doit être examinée demain.

Par @JeromeHourdeauxhttps://www.mediapart.fr/journal/france/241123/manifestations-interdites-nice-le-prefet-moutouh-defie-le-tribunal-administratif

Snoro, to France French
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Encore 65% des nappes phréatiques sous les normales de saison: qu'en est-il dans les Alpes-Maritimes et le Var?

La situation des nappes phréatiques en France n'a pas évolué significativement en octobre par rapport à septembre, et deux tiers d'entre elles restent sous les normales de saison, a annoncé jeudi le BRGM

https://www.nicematin.com/climat/encore-65-des-nappes-phreatiques-sous-les-normales-de-saison--885840

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