danahilliot

@danahilliot@climatejustice.social

He/him.
Écrivain - passionné de climatologie, d'anthropologie, d'histoire (notamment coloniale), cultures antiques méditerranéennes, néoplatonisme, randonneur, fan de cyclisme.

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Mon blog :
https://outsiderland.com/danahilliot/

(je change d'instances, parfois)

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danahilliot, to random French

Soirée citation :

"Hope is not the conviction that something will happen, but rather the conviction that something makes sense, whatever happens"

(l'excellent Gustavo Esteva, ami d'Ivan Illich, et un des penseurs du post-developement. Un recueil de ses principaux articles, la plupart traduits de l'espagnol, a été publié récemment : Gustavo Esteva: A Critique of Development and Other Essays, Routledge, 2022)

C'est une très belle citation (et je suis plongé dans les problématiques d'où elle émerge en ce moment). Mais elle me pose néanmoins souci. C'est le problème des formules bien senties, dont le pouvoir de séduction peut éventuellement causer de petits tremblements de terre (small little earthquakes), mais tout aussi bien sidérer un peu l'esprit. Je m'en méfie souvent.

Car, si l'espoir ne repose pas sur la certitude qu'une chose puisse arriver (sans quoi, effectivement, on n'aurait rien à espérer du tout, juste à attendre que la chose arrive), il n'en reste pas moins que si la chose paraît ne jamais devoir se produire - par exemple une révolution économique anticapitaliste mondiale et une transformation profonde et "pluriverselle" pour parler comme Escobar, des sociétés humaines, qui pourraient réellement nous permettre d'affronter la crise climatique avec justice et dignité (oufffff, désolé !) - bref, s'il est quasiment certain qu'une telle chose ne se produise jamais, alors c'est une maigre consolation de considérer que son espérance ait, malgré tout, du sens. Et il est probable que cet espoir ait à se confronter chaque jour que le diable capitaliste et raciste fait avec le désespoir le plus radical.

(Bon, voilà déjà un élément de ma conclusion, fait le mec qui écrit son bouquin en postant des messages sur Mastodon)

danahilliot, (edited ) to random French

Un des trucs les plus violents qu'on m'ait sorti lors d'une de mes brèves incursions dans le monde académique, c'est : "Ressemblance n'est pas raison"
Un adage qui présente tous les oripeaux de la rigueur scientifique n'est-ce pas ?

J'ai mis du temps à comprendre pourquoi cet adage m'avait tellement blessé à l'époque (c'était il y a 20 ans au moins)

Maintenant que je suis plongé dans des pensées qui tentent de décoloniser l'épistémologie, je comprends mieux. Et prends conscience que ma passion pour les anthropologies "animistes" (et pour les polythéismes antiques !) est venue en quelque sorte s'inscrire en opposition à cette épistémologie occidentale "dans la mesure où elle va de soi, et prétend s'imposer universellement à toute pensée, d'où qu'elle soit" (alors qu'elle s'origine dans la modernité dualiste et coloniale européenne - et ne vaut d'abord que pour les scholars du cru)

On chemine parfois de manière étrange, sans être vraiment conscient des itinéraires que nous empruntons, et puis, un jour ou l'autre (ou jamais), tout devient plus clair (ou plus obscur).

danahilliot,

Les zététistes, qui sont des abrutis n'ayant de l'épistémologie qu'une connaissance digne d'un mauvais élève de cinquième 4, et encore, adorent ce genre d'adages (ressemblance n'est pas raison : donc, "le nucléaire, c'est safe et les psychanalystes sont des charlatans")

Ils sont d'ailleurs, ces zététiciens, très en phase avec le scientisme néolibéral contemporain. Je les aime énormément 😂 😎

danahilliot,

@beatricejess
J'allais ajouter (suis dans ma période comparaison/analogies toutes nazes) que leurs disposition au doute est très légèrement inférieure à celle de notre ministre de la l'économie et des finances (ce brave Bruno le Maire, dont la plume fit le bonheur des amateurs de littérature)

danahilliot,

@beatricejess
Oui ! Si seulement il avait pu se contenter d'embrasser heu.. une carrière littéraire ! 😅

danahilliot, to random French

Analogie :

Les politiques de transition écologique sont à la Crise Climatique ce que les politiques d'immigration européennes sont au devoir d'hospitalité.

danahilliot, (edited ) to random French

Entendu cet après-midi (Une voisine, jeune retraitée, poly-complotiste durant son temps libre, et comme elle en a beaucoup, maintenant, de temps libre, elle a tout le loisir de méditer sur la condition humaine)

  • Ils font chier ces écolos au gouvernement. Avec leur réchauffement climatique là. Maintenant, on n'a plus le droit de chauffer au fioul. Ils vont interdire les voitures à essence, et voilà : Tous en voitures électriques ! C'est leur PLAN ! Et les maisons, on pourra plus les vendre parce qu'elles passeront pas les TESTS écologiques. Et j'ai pas envie de claquer toutes mes thunes dans les rénovations qui servent à rien. Mes enfants, je pourrais même pas leur léguer la maison, elle sera HORS NORME ! C'est honteux !

  • Tu veux dire, ce gouvernement là, en France ? Un gouvernement d'écolos ?

  • Ben oui. Qu'est-ce que tu crois ? Ils ont tout infiltré maintenant. Les écolos avec leur réchauffement.


Comme quoi, au niveau pédagogie climatique (et surtout politique) on a dû rater un paquet de trucs, nous les écolos.

C'est plus du confusionnisme, c'est juste du nimportenawakisme.

Cela dit, dans les hautes sphères du pouvoir, on montre l'exemple, ainsi l'inénarrable Agnès Pannier-Runacher , qui est à l'écologie ce que Jean-Marie le Pen est au cosmopolitisme, a sorti récemment :

"Le Sabotage climatique, c'est Greenpeace. Quand on réfute la parole des experts et des scientifiques par dogmatisme et que l'on est plus prompts (sic) à attaquer le nucléaire décarboné que les énergies fossiles russes, on est discrédités (sic) pour se dire défenseurs (resic) du climat"

C'est quelque chose quand même. Ministre de la transition énergétique (elle n'est même pas sous l'influence du lobby nucléaire, elle EST le lobby nucléaire)

Et là, j'essaie d'écrire mon bouquin sur la crise climatique dans une perspective morale et cosmopolitique et... comment dire ?

Je crois qu'une des erreurs (mais comment pourrait-on s'en vouloir ?) des activistes et militants de la cause climatique, c'est de considérer qu'on s'adresse à un auditoire rationnel - et même, disons-le plus modestement, doué de bon sens. Mais on se plante.

Plus fondamentalement (et j'en parlerai aussi dans mon livre), toute cette stupidité est consubstantielle avec l'entreprise néolibérale - qui, dégagée de toute emprise morale, et n'ayant pour seul principe que la croissance du PIB et des dividendes - a déployé sur le monde un nihilisme radical. Un des effets de cette imprégnation nihiliste (aussi paradoxal que l'expression puisse sembler), c'est la confusion la plus grande, l'abyme creusé entre le signifiant et le signifié - n'importe quel mot peut vouloir dire n'importe quoi. Nous en sommes là. Et disons que ce n'est pas vraiment un environnement intellectuel très favorable pour aborder sereinement la crise climatique. 😂

danahilliot,

@vugegi
Oui, mais pas besoin d'aller chercher si loin. Nous réécrivons tous l'histoire, ou du moins, nous contribuons tous, en continuant à vivre de la sorte, à ce grand récit néolibéral nihiliste - l'interminable défilé des marchandises ineptes, vides de sens, dont nous sommes producteurs et consommateurs, et, pour le dire de manière plus radicale, que nous sommes. (je suis dans ma phase : "on s'en sortira pas, we're stuck here 😅

danahilliot,

@Glyg
Non.
😅
Réponse abrupte, mais me faudrait des plombes pour expliquer :)
(pour le dire très vite : Chez Stengers ça reste ancré dans une philosophie (critique) des sciences occidentales (c'était le travail qu'elle menait à l'époque avec Bruno Latour par exemple) - ça m'a passionné à l'époque, ma grande période Latourienne :) (il y a une bonne vingtaine d'années maintenant ! ça m'intéresse toujours, surtout depuis que les scientifiques du climat sont sortis de leur tour d'Ivoire et sont entrés sur la scène politique : c'est un évènement qui aurait ravi Latour !)

Quand je parle de cosmopolitisme (pas dit d'ailleurs que je conserve le terme dans mon bouquin, j'y tiens pas tant que ça, c'est beaucoup plus "anthropologique" (au sens des études ethnologiques) que "philosophiques". Ce serait l'impératif de s'efforcer de prendre en compte les perspectives non-occidentales, par exemple décoloniales, et même d'essayer d'en "prendre le parti", de penser avec elles, en multipliant délibérément les points de vue, dans la lignée de ce que Arturo escobar appelle le plurivers (même si ça me pose problème aussi)

Ma thèse c'est que la perspective de la crise climatique (dans ses implications historiques, géographiques, politiques) devraient nous obliger à devenir vraiment cosmopolites, c'est-à-dire prendre au sérieux la pluralité des manières d'habiter la terre, de faire monde. Et se laisser bouleverser par cette pluralité.
(et pas seulement "en théorie", mais jusqu'à interroger ce que j'appelle notre "capitalisme intime", dans notre responsabilité propre, quotidienne etc..)

Bon. Je suppose que ce que je raconte est quasiment incompréhensible :) J'espère que mon bouquin, si j'en viens à bout, sera plus clair 😎

danahilliot, to random French

J'ai traduit vite fait un extrait de l'article de Jared Sexton et Steve Martinot sur la violence raciste policière qui avait été repris dans le volume "AfroPessimism" (voir les références sur mon blog)

En attendant le prochain meurtre "avéré", la prochaine étude sur les discriminations raciales à l'entrée de tel restaurant, et les habituels flots d'indignation et les non moins habituels déferlements de haine (contre ceux qui s'indignent), on peut essayer de penser au-delà du spectaculaire et du cas isolé.

(désolé pour la traduction parfois incertaine. Certaines formules sont difficilement compréhensibles si l'on n'a pas lu la totalité de l'article. M'enfin : ça donne une idée et peut-être le désir d'aller y voir de plus près - le volume Afro-pessimism est en accès libre)

#afro-pessimism #racism #police #violence #suprematismeblanc #whitesuprematism

https://outsiderland.com/danahilliot/violence-et-racisme-policiers-le-paradigme-du-suprematisme-blanc/

danahilliot, (edited ) to climate French

Les températures élevées de ce début de mois d'octobre frappent les esprits (enfin, pas tous les esprits - il y en a beaucoup, desdits esprits, que ça ravirait plutôt).

Mais l'aspect le plus dramatique de cet été qui déborde sur l'automne, c'est le très faible niveau de précipitations depuis maintenant plus de trois mois.

Les 9 prochaines journées, a minima !!, seront tout aussi sèches que les 8 journées écoulées.

Les relevés de la station météo située dans mon village, en Auvergne, sont sans appel.
L'année dernière, octobre avait été très sec ici : 26,6 mm. (mais les 4 années précédentes, le cumul des précipitations était tout à fait correcte, entre 75 et 125 mm. Pour info La norme 1990-2020 est > 80 mm.)

Sauf qu'en cette année 2023, on sort de 3 mois très en-dessous des normes.

Et, au vu des scénarios à moyen terme, il ne se passera rien niveau précipitations avant la mi-octobre.

Bref, le déficit pluviométrique se creuse. Voir les ruisseaux et les étangs dans un état pareil au mois d'octobre... La végétation, hors zone humide, est totalement bouleversée. Les animaux et les insectes sont paumés aussi.

La situation est bien pire dans d'autres régions, où le climat tourne à l'aride. Mais l'Auvergne est censée être "le château d'eau" de la France. Il faudra beaucoup beaucoup de pluie dans les mois à venir pour retrouver une situation normale. (et l'angoisse, c'est qu'à ces chaleurs sèches succèdent des périodes froides et tout aussi sèches)

#meteo #ClimateCrisis #secheresse #eau

https://images.meteociel.fr/im/35/7565/graphe_ens4cst8.php.gif

jmpineau, to random French

Anton Wilhelm Amo (1703-1753), philosophe noir des Lumières

Né au Ghana, Amo est arraché à sa terre natale, mis en esclavage et offert à une famille noble allemande. Contre toute attente, il reçoit une éducation d’élite et devient le premier Africain professeur de Philosophie en Europe.

Son apport réside dans l’affirmation que le corps constitue le récepteur des sensations et non l’âme. Il pose que logique et éthique sont deux fondamentaux pour bien philosopher.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/toute-une-vie/anton-wilhelm-amo-1703-1753-philosophe-noir-des-lumieres-3722268

danahilliot,

@jmpineau

Ha merci.

(Je lisais justement le fil qu'Elisabeth Glassco vient de publier sur le journal de Olaudah Equiano (fin XVIIIè).

https://mastodon.social/@Deglassco/111156033073761454

danahilliot,

@jmpineau
Ha oui ! Les fils de documentation et de synthèse d'D. Elisabeth Glassco sont une des (nombreuses) raisons de trainer sur Mastodon !

burgervege, to random French
@burgervege@mamot.fr avatar

Les courts de Wes Anderson sur Netflix sont meilleurs que ce qu'il a fait ses dernières années.

danahilliot,

@burgervege
Meilleurs que Asteroïd City ? 😍
Pffouuuaa, faut que j'aille voir ça alors !

danahilliot,

@burgervege
Tu veux dire : c'est moins pire, alors 😂

Suis pas du tout cinéphile (j'ai globalement arrêté après My Winnipeg de Guy Maddin il y a donc un bout de temps), je ne connaissais tout simplement pas Wes Anderson, mais, j'ai vu par hasard récemment Asteroïd City, et ça m'a beaucoup touché. Ça doit être mon seul message un tant soit peu consacré aux images qui bougent sur Matsodon d'ailleurs 😅

https://climatejustice.social/@danahilliot/111014426544022774

danahilliot,

@Camille_Poulsard @burgervege

Merci ! (même si Wes Anderson, c'est has been maintenant si j'ai bien compris 😂 😂 - sérieusement, ce qui est bien quand on est à la masse et largué, qu'on ne suit pas trop l'actualité dans un domaine particulier, c'est qu'on découvre tranquillement des oeuvres sans trop être influencé par "le buzz de la nouveauté".)

danahilliot, to random French

Pour tous ceux qui réfléchissent aux violences policières et aux structures racistes dans lesquelles elles s'inscrivent..

(et considèrent donc que les meurtres et bastonnades perpétrés par la police ne sont absolument pas des "cas isolés", des "exceptions", des "dérives malheureuses", qu'il s'agirait de réguler à coup de petites réformes ou d'aménagements "à la marge"),

je vous conseille de lire, si ce n'est déjà fait, les travaux de Jared Sexton et Steve Martinot, et, en guise d'introduction, sur ce sujet précisément, un article publié en 2003 dans
Social Identities
Journal for the Study of Race, Nation and Culture
Volume 9, intitulé "THE AVANT-GARDE OF
WHITE SUPREMACY", et repris dans le fascinant et très radical volume "Afropessimism" qu'on trouvera ici (pdf en libre accès) :

https://rackedanddispatched.noblogs.org/

(par ailleurs ce volume est passionnant, dérangeant, décapant. - particulièrement quand on est un lecteur blanc européen. On y trouve une collection de textes du radical Frank B. Wilderson, III, de Jared Sexton, Steve Martinot, de la grande féministe noire Hortense J. Spillers, et d'une de mes autrices préférées du moment, Saidiya Hartman, dont le dernier livre, Wayward Lives, Beautiful Experiments: Intimate Histories of Riotous Black Girls, Troublesome Women, and Queer Radicals, me hante littéralement - le genre de livre qu'on lit très doucement, très lentement, pour bien s'en imprégner, en espérant favoriser de la sorte un bouleversement profond, à la hauteur du propos - que ça chamboule l'intimité - les émotions, la pensée.

Saidiya Hartman, Wayward Lives, Beautiful Experiments
Jared Sexton, Amalgamation Schemes: Antiblackness and the Critique of Multiracialism

danahilliot,

@helenecollon @shaanxilithes
Oui évidemment, les éditions en sciences humaines rencontrent énormément de difficultés, ça ne se vend pas, ou pas bien, c'est toujours un risque etc. C'est pour ça que j'invitais (enfin heu qui suis-je pour inviter qui que ce soit à faire quoi que ce soit ? passons !) que j'invitais donc les lecteurs à se lancer dans la lecture en langue originale quand ils le peuvent (et je suis persuadé que beaucoup le pourraient s'ils osaient se lancer - c'est forcément plus difficile au début, faut dérouiller son anglais, ou une autre langue apprise, mais ça vient vite)

Il y a des domaines où c'est vraiment tragique. Je pense par exemple à l'anthropologie (les monographies d'anthropo), où certains étudiants français n'ont d'autre choix que d'écrire en anglais pour être publiés - les universités anglo-saxonnes disposent d'une puissance financière et éditoriale sans commune mesure avec les universités française. ce qui fait que dans ce domaine, j'ai l'habitude dire que l'édition française (et les lecteurs) d'anthropo a environ 20 ans de retard sur les problématiques et débats qui sont au cœur des réflexions sur les autres continents. C'est terrible. (alors dans les revues spécialisées, on a tout de même des échos, quelques auteurs en France y font référence, mais les textes originaux, faut aller les chercher là-bas - heureusement, de plus en plus d'universités américaines proposent les textes directement en PDF et en libre accès, et on trouve quasiment tout ce qui est publié sur les sites tels que zlib, libgen etc.. (sans quoi la recherche serait réservé à quelques étudiants friqués dans les pays du nord)

danahilliot,

@helenecollon @shaanxilithes

Oui... ça vaut pour toutes les régions du monde, de la Sibérie à l'Amzonie, de l’Himalaya à l'Asie du sud-est.. (je me suis surtout passionné pour les populations "animistes" (dans le sens de Descola, même s'il faut rester circonspect avec cette catégorisation à mon avis)
Beaucoup d'autrices effectivement dans ma short list !
J'avais fait cette page de mes lectures de l'époque (mais elle date, y'en a eu beaucoup d'autres depuis)
https://outsiderland.com/danahilliot/une-petite-bibliographie-de-recherches-recentes-en-anthropologie/

Et voir ici par exemple (je traduis parfois quelques extraits histoire d'encourager d'éventuels lecteurs :)

https://outsiderland.com/danahilliot/category/anthropologie/

danahilliot,

@helenecollon @shaanxilithes

Mais c'est vrai ça que Ruth Benedict n'a pas été traduite..
J'avais lu partiellement Patterns of Culture (où elle démonte le concept d'adolescence prétendument universel) quand je me préparais à accueillir mes premiers patients (en psychanalyse).

(période assez passionnante de l'anthropo, Benedict, Mead et Bateson, avec cette implication assez ambivalente dans les institutions de la guerre froide etc.. j'ai lu une série d'articles à ce sujet.. c'est de l' "historiographie" mais c'est important pour comprendre l'évolution des modèles anthropo, les difficultés à se défaire des structures coloniales, puis des politiques de développement etc..)

danahilliot,

@helenecollon @shaanxilithes

Vais me promener et j'essaie de retrouver tout ça ce soir promis !!
😎

danahilliot,

@helenecollon

Alors voilà. Le truc vraiment étrange, c'est ce que je ne me souviens pas comment je suis tombé sur ces textes-là. J'ai deux options qui me viennent : ou bien en lisant l'historien/anthropologue Michel-Rolph Trouillot (Global Transformations: Anthropology and the Modern World) ou bien en lisant le bouquin génial d'un de mes anthropologues favoris, Heonik Kwon, The Other cold war (un vrai chef d’œuvre qui, dans un monde meilleur, devrait avoir été traduit, tout comme l'oeuvre de MR Trouillot d'ailleurs !)

Mais, peu importe !
Le texte auquel je pensais était un papier du Peter Mandler (cultural studies), "One World, Many Cultures: Margaret Mead and the Limits to Cold War Anthropology" :

https://fr.zlib-articles.se/book/59558934/5bf565

Et le livre, que je n'ai lu qu'en diagonale, de David H. Price, Cold War Anthropology: The CIA, the Pentagon, and the Growth of Dual Use Anthropology (faudra que je prenne le temps de le lire en entier)

https://1lib.sk/book/16863694/741674

C'est vraiment un aspect de l'histoire de l'anthropologie qui n'a été véritablement "déterré" que récemment, et là évidemment, il faut remettre dans le contexte l'enthousiasme (pas si univoque) de Mead et ses amis pour le programme d'études des populations coloniales/dé-coloniales dans le contexte de la guerre froide. Toutefois, il y a là un "biais" auquel les anthropologues (issus des universités du "global north", et souvent blancs) doivent réellement se frotter. Ils le font d'ailleurs. Je trouve le travail d'auto-réflexivité "politique" des jeunes anthropologues vis-à-vis de leur propre discipline vraiment passionnant. (et il n'est guère étonnant que chez les anciens "scholars", notamment français, notamment les derniers dinosaures du structuralisme, ça tique un peu 😅

danahilliot,

@helenecollon
ha j'en profite tant que je l'évoque en passant : pour celles et ceux qui brûleraient de découvrir l'oeuvre décapante de l'anthropologue Haïtien Michel-Rolph Trouillot, ses élèves (Yarimar Bonilla notamment, dont ,'apprécie beaucoup le travail), lui ont consacré un "remix", c'est-à-dire qu'ils ont réuni et réorganisé des textes pas toujours accessibles, et l'ensemble est précieux pour avoir une vue d'ensemble de celui dont la recherche dépasse largement les "Caribbean studies" ( ou plutôt qui a montré, comment les Caraïbes, lieu central et originaire de la colonisation et de l'esclavage, constituent le noeud "silentisé" de l'histoire contemporaine)

https://www.dukeupress.edu/trouillot-remixed

danahilliot, (edited ) to random French

Cet article m'émerveille.
J'en "traduis" (hummpfff) les derniers paragraphes pour ceux qui ont la flemme d'utiliser deepl 😎

"Il est facile d'envisager un tel scénario de catastrophe naturelle. Imaginons que nous soyons en 2035 et que nous ayons plusieurs dizaines de milliers de nouveaux satellites de la méga-constellation là-haut, alors qu'au même moment, une série de taches solaires apparaissent autour de l'équateur du Soleil. Un événement de reconnexion magnétique se produit, déclenchant une éruption solaire de classe X avec une éjection de masse coronale en direction de la Terre. Le champ magnétique du Soleil, par rapport à la Terre, est orienté de telle sorte qu'une tempête géomagnétique se produit, mettant à mal certains grands réseaux électriques.

Mais dans l'espace, une grande partie des satellites sont bombardés par ces particules énergétiques du Soleil, ce qui les rend insensibles. 8 jours plus tard, la première collision entre satellites se produit. Alors que l'humanité s'efforce de réagir de manière appropriée, une deuxième collision se produit, déclenchant le début d'une réaction en chaîne. En 2037, la station spatiale internationale doit être abandonnée, nos satellites de surveillance de la Terre en orbite basse sont mis hors service et le télescope spatial Hubble est détruit. Des dizaines de millions de débris remplissent alors l'orbite terrestre basse, rendant tout lancement ultérieur impossible sans que le lanceur lui-même ne subisse un certain nombre d'impacts de ces débris."


Mon imagination se met en route immédiatement. En vrac et dans le désordre :

Que deviendrons les astronautes résidents de la Station Spatiale Internationale ? Puisqu'il leur sera impossible de redescendre ? Ils n'auront plus qu'à attendre, nouveaux martyrs de la conquête des étoiles, que les microscopiques déchets satellitaires (comme les microplastiques circulant dans les océans) viennent pulvériser leur habitat si précaire !

Ce sera la fin de la conquête des étoiles. Cette vaste aventure prométhéenne finira par trouver son châtiment. Le grand récit cosmique du capitalisme colonial - coloniser les planètes ! - s'effondrera non pas suite à quelque punition divine (ce qui aurait eu un peu plus de gueule), mais à cause d'un éruption solaire et de micro-déchets métalliques. des myriades de micro-déchets. Les excrétions cosmiques des rêves de la modernité occidentale en quelque sorte.

Ridicule. Réjouissant. Bien fait pour leur gueule.

Last but not least : j'imagine la tête de Musk et ses semblables qui fantasment sur l'exil d'une trans-humanité purifiée sur une planète terraformée. Raté ! Vous serez "stuck here", piégés ici. (et on finira par vous chopper, soyez-en certains, vous n'échapperez pas à nos colères)

(ah, sans les satellites, je n'ose même pas imaginer à quoi ressemblera l'existence quotidienne ! Pour le coup, les pays les plus techno-dépendants subiraient de fabuleux bouleversements. Bien fait pour leur gueule là aussi. Et vive les chasseurs-cueilleurs !
Tout ce qui dépend de l'observation de la terre depuis sa périphérie, pour ne pas dire sa surveillance, les transports aériens par exemple, sans parler de tous les outils de localisation, et des centaines d'applications en fait, l'agriculture industrielle, et la guerre ! (faire la guerre sans satellite ! Ha, ça ne les empêchera pas de la faire quand même, ces abrutis). J'espère - mais je n'en sais rien -, que le système financier international, en subira de sévères conséquences aussi. Tant qu'à faire !)

(Et bien entendu, la météorologie et la climatologie : sans le monitoring spatial, il sera plus difficile de se donner une vision d'ensemble, ce point de vue de surplomb, ce regard simili-divin. Mais en 2037, la crise climatique sera suffisamment avancée pour qu'on sache déjà tout ce qu'il y a à savoir - le pire étant certain, à quoi bon en évaluer la probabilité ?)

Au fond, une telle catastrophe aurait pour effet, de manière plus directe et plus "instantanée" que la catastrophe climatique, de "ramener ces arrogants capitalistes de l'espace sur terre".

C'est là l'effet qu'on devrait, en toute raison, attendre de la crise climatique, qu'elle les ramène sur terre. Parce que nous sommes coincés ici. Piégés.

(Mais il est possible, il aurait été possible, et bien des peuples l'ont montré et le prouvent encore, d'habiter la terre et d'y être piégés de manière fort agréable et respectueuse. Il faudra décroître, cette fois-ci, et pour de bon)

À vos rêveries maintenant !!

https://bigthink.com/starts-with-a-bang/musk-starlink-satellites-kessler-syndrome/

danahilliot,

@helenecollon

ça j'en suis sûr !! (plus on lit plus on rêve !) 👍

danahilliot,

@Mieg
Oui, c'était une remarque fort appropriée 😂 (en même temps, c'est nul cette histoire de plus pouvoir décoller de la Terre, parce que j'aurais vraiment aimé voir Musk et ses copains posthumains partir pour coloniser la planète Zougloub - partir à jamais.)

danahilliot,

@Mieg
Ils pourront amener des robots. (faudrait un énorme vaisseau, genre, qui embarque les 10% les plus riches, un truc comme ça)

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