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danahilliot, to random French

Saint Alban sur Limagnole, en Lozère (célèbre pour sa clinique psychiatrique à l'histoire remarquable), la petite station météorologique a enregistré aujourd'hui une amplitude de.. 33,5°C.

Au petit matin, il ne faisait que -6,6°C (moins 6,6°C) - c'est ce qu'on appelle dans le jargon un "Trou à Froid" (par sa situation particulière)
Et au plus chaud dans l'après-midi, le thermomètre a grimpé jusqu'à 26,9°C ! (record d'octobre à battre : 27,1°C)

J'imagine les gens du village lové au creux des collines (village que je connais bien), en bonnet, gants et doudoune au réveil, et short et tee-shirt l'après-midi.

https://www.infoclimat.fr/observations-meteo/temps-reel/saint-alban-sur-limagnole/000X5.html

danahilliot,

@NicolasDumoulin
ha ? Un artiste brut ? (je ne l'ai pas dans ma collection de Saint Alban - cela dit, à l'époque, on devait pas utiliser de tronçonneuse.. encore moins quand on était à la clinique 😅

NicolasDumoulin,
@NicolasDumoulin@framapiaf.org avatar

@danahilliot il a du faire ça il y a 20-30 ans.

danahilliot, (edited ) to Dog French

Iris enterre le Nonos qu'elle vient de trouver (il est bien trop gros pour être grignoté maintenant)

Cette vidéo n'est qu'un extrait d'une opération méticuleuse qui a duré environ 15 minutes)

https://youtu.be/QSE2inSEC4Y?feature=shared

danahilliot, (edited ) to random French

En rentrant de balade par le chemin qui longe la prairie (pauvres noyers à l'agonie !), je me disais, vu comment c'est parti, on va se taper 25 jours en continu sans la moindre goutte de pluie - en plein automne. Et : l'impression que le temps s'est arrêté (sans doute aussi parce que je n'entends plus les insectes - il règne un silence de mort)

Et puis, arrivé en haut du chemin, tout un boucan à la Villa du Bonheur : j'appelle ainsi les lieux occupés par cette petit famille réjouie, qui baigne dans la richesse, les engins motorisés, le high tech - 300 m2 habitables pour une famille de 5, + deux garages en dur, et un autre en bois, de quoi loger 2 SUV, 2 berlines, 2 quad, je ne sais combien de motos (quand on est fan hein !), 2 tondeuses à gazon de compétition (la famille VroumVroum). L'ado fait des tours de motocross dans l'immense propriété. Le papa nettoie un de ses SUV à grande eau. La maman et les deux autres loustics barbotent dans la piscine ("chauffée" m'a-t-elle dit un jour, alors qu'il faisait bien frais dehors). Les panneaux solaires sur les toits. Le ronronnement des pompes à chaleur qui fait écho à celui du climatiseur. La pelouse qu'on arrose. (grâce aux panneaux solaires et à la pompe à chaleur, je suis sûr qu'ils obtiennent un super score au bilan carbone individuel !)

Leur existence toute entière telle un énorme doigt d'honneur adressé à la sécheresse (et aux restrictions de flotte), un "allez vous faire foutre" géant au dérèglement climatique.

Et moi avec ce sentiment que le temps s'est arrêté, l'angoisse persistante parce qu'il ne pleut pas, parce qu'il ne pleut plus. Cette lente catastrophe (slow-onset disaster) que je sens dans mon propre corps.

Le changement climatique, assurément, n'est pas vécu de la même manière par tout le monde hein.

danahilliot,

@davidou

Merci pour la série !
(et bienvenue au club :)

davidou,
@davidou@piaille.fr avatar

@danahilliot heu.... Merci ? 🙂

danahilliot, (edited ) to random French

Un exemple frappant (et un très bel article de Hujjatullah Zia, le correspondant à Kaboul de Al Jazeera) de "disaster upon disaster".

"Entre 1950 et 2010, les températures en Afghanistan ont augmenté de 1,8 degré Celsius en moyenne, soit environ deux fois plus que dans le reste du monde. Les précipitations dans le pays ont chuté de 40 %.

En 2018, alors que la guerre entre la coalition internationale et les talibans se poursuivait, les sécheresses ont entraîné le déplacement de quelque 370 000 Afghans, soit autant que le conflit.

Les périodes de sécheresse ont décimé les zones rurales, détruisant les récoltes et dépeuplant des villages comme celui où je suis né, dans le district de Jaghori. Il y a peu d'espoir pour ces régions.

Si les effets du changement climatique s'aggravent dans les années à venir, le dépeuplement de l'Afghanistan se poursuivra probablement. Les habitants des zones rurales afflueront vers les grandes villes, fuyant la faim et augmentant de manière exponentielle la population urbaine pauvre. Les Afghans qui en ont les moyens continueront d'essayer de quitter le pays à la recherche de meilleures opportunités économiques. Malheureusement, d'autres endroits uniques qui étaient pleins de vie - comme mon village - seront perdus."

https://www.aljazeera.com/opinions/2023/10/7/peace-has-not-stopped-afghanistans-depopulation

danahilliot, (edited ) to random French

Bordel, aujourd'hui, j'ai pas trouvé la commande pour débrancher. Même en promenade, ça continuait de s'écrire. Entre deux photographies prises sans même s'arrêter de marcher, j'enregistrais les idées qui venaient.

Le seul moment où les cogitationes se sont arrêtées, c'est en revenant de l'étang de la Gravière (5 minutes de chez moi) dans l'automobile. J'ai écouté encore une fois cette chanson de David Bazan, Havasu :

I lost myself in Havasu
Where the sunset lives
Over stucco houses
And canyons
With a flexible attitude
I fell in love
Though we would not get to be
Companions
Try again in Santa Cruz
Where the redwoods live
Over cliffs
Over the ocean
Keep a flexible attitude
But don't fall away
Prepare yourself to stay
In motion

Et ça m'a plongé immédiatement, et même automatiquement, dans un état mélancolique radical. En rentrant, j'ai préparé le repas du soir en chantant cette chanson, je pensais, comme à chaque fois que je suis mélancolique, à Santander, mon Havasu à moi, et il y a eu cette sorte de fébrilité au creux du ventre que je connais si bien (enfant déjà, je l'ai découverte), et une tristesse terrible, cet envie d'en finir, et le soulagement que j'imagine après. Ça n'a duré qu'une petite demi-heure. Évidemment, travailler chaque jour (et chaque nuit) que le diable fait sur ces questions (le désespoir climatique etc.), ça ne procure guère de consolations (et un de mes rares patients a enfin décidé de mettre un terme à son analyse, il ne m'en reste plus que trois, et aucune réponse de la part des éditeurs concernant mes deux derniers livres en circulation, les candidatures (spontanées) pour des emplois en bibliothèque que j'envoie de temps en temps, et les refus polis qui dissimulent mal ce fait : je suis trop vieux, Iris bien malade cette nuit, ma chérie qui angoisse avec ses concerts, les incertitudes de sa vie d'artiste, et mon existence austère qui confine à l'ascétisme, et l'avenir, le mien, et celui de tant de gens, qui promet le pire, bref)

Et puis le soir est venu. Je me suis remis à travailler. Et j'ai presque hâte d'aller me coucher pour continuer la lecture de Disaster upon Disaster. Bizarrement, je sais que c'est la seule manière pour moi de ne pas devenir dingue. Aller au bout d'un truc, puis au bout d'un autre. Et ainsi de suite. Tant que j'ai quelque chose en tête, je suis en vie.

danahilliot,

@AttarSilas

"ego cogito, ergo sum", comme disait ce brave René D. 😎

danahilliot, to random French

Let's go for new adventures !!

danahilliot, to Women French

Article très important du Middle East Eye, sur la situation des femmes en Lybie après la catastrophe de Derna.

« Les inégalités structurelles préexistantes entre les sexes font que les catastrophes affectent les femmes et les filles différemment qu’elles ne touchent les garçons et des hommes. La vulnérabilité des femmes augmente lorsque celles-ci appartiennent à un groupe socio-économique inférieur, en particulier dans les pays du Sud », explique Alex Gray, responsable des fonds internationaux au Center for Disaster Philanthropy.

https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/libye-inondations-besoins-femmes-negliges-sante

danahilliot,

Un très intéressant article de
Sonja Ayeb-Karlsson, "When the disaster strikes: Gendered (im)mobility in Bangladesh" qui observe les différences de mobilités selon les genres lors des tempêtes au Bangladesh.

https://zlib-articles.se/book/82625148/b9065c

danahilliot, to climate French

Pour tous ceux qui s'intéressent aux "disaster studies", et plus généralement aux effets catastrophiques des politiques de développement, je conseille vivement de recueil d'études de spécialistes; Disaster upon Disaster (titre extrêmement bien choisi).

Disaster Upon Disaster
Exploring the Gap Between Knowledge, Policy and Practice
Edited by Susanna M. Hoffman and Roberto E. Barrios (2019)

Je cherchais par quel biais aborder le thème "développement et crise climatique", Eh bien je crois que je vais faire un détour par les "sciences du désastre" 😎 .

https://www.berghahnbooks.com/title/HoffmanDisaster

danahilliot, (edited )

Les inondations catastrophiques de Derna constituent un exemple assez typique et tout à fait sinistre de ce à quoi peut ressembler a disaster upon a disaster. On a pu lire de nombreux articles rappelant le chaos créées par les milices dans la région, les constructions qui n'obéissent à aucune règle de prévention des risques, la mauvaise gestion de l'état des barrages, la corruption générale des personnes en charge de la sécurité etc..

Cet article de Al Jazeera en donne un aperçu.

https://www.aljazeera.com/news/2023/9/14/natural-disaster-or-man-made-why-was-libya-so-vulnerable-to-floods

Il rappelle au passage cette étude parue il y a plus d'un qui alertait sur les risques liés à l'entretien insuffisant des barrages, notamment la corrosion qui les affectait.

https://sebhau.edu.ly/journal/jopas/article/view/2002

Les responsables Libyens (ou du moins ceux qui se présentent comme tels) insistent évidemment sur l'idée que cette catastrophe est 100% naturelle. (c'est toujours le cas, même dans les pays "développés" - jusqu'à ce que les débats publics viennent discuter cette affirmation. Aucune catastrophe, considérée dans ses effets, n'est purement naturelle - encore moins désormais, si on peut rapporter le phénomène catastrophique au dérèglement climatique évidemment)

danahilliot, (edited ) to random French

Une journée dans ma vie.
par Iris de la Loupette (épagneule auvergnate)

  1. On est allé avec mon zhumain dans la prairie. J'y ai cherché quelques mulots dans l'herbe sèche - en vain. Tant pis.

  2. En passant devant la maison d'Anne-Marie, j'ai croisé ma copine Gaïa. Elle est un peu sourde. J'approche doucement pour ne pas la surprendre. On se fait un bisou et on a filé toutes les deux dans son jardin pour observer des trucs.

  3. Ensuite, je suis descendu aux étangs. Je m'y suis baigné, parce qu'il faisait un peu chaud. Et j'avais soif aussi. J'ai essayé de surprendre les poissons. En vain. Tant pis.

  4. Puis le zhumain s'est allongé dans l'herbe pour écrire des trucs sur son carnet. Il fait souvent ça. J'essaie de lui rappeler qu'il y a un sachet de biscuits dans son sac à dos en posant la patte sur le carnet. Du coup, il y pense.

Malko,
@Malko@masto.bike avatar

@danahilliot
Quelle vie :D

danahilliot,
  1. En passant aux Pineaux, j'ai croisé ma copine Nya. C'est un chat. Nya veut toujours se frotter contre moi, mais je n'aime pas trop ça : c'est un chat après tout.

  2. J'ai fait une deuxième pause dans l'herbe fraîche à l'ombre d'un autre étang.

  3. Ensuite, au retour, j'ai essayé de voir si j'arrivais à attraper un écureuil. En vain. Tant pis.

  4. Au retour à la maison, je me suis installée pour la sieste sur le divan où s'installe les gens qui viennent parler avec mon zhumain. Histoire de récupérer un peu avant l'heure du dîner.

Et voilà !!

6. J'ai fait une deuxième pause dans l'herbe fraîche à l'ombre d'un autre étang.
7. Ensuite, au retour, j'ai essayé de voir si j'arrivais à attraper un écureuil. En vain. Tant pis.
8. Au retour à la maison, je me suis installée pour la sieste sur le divan où s'installe les gens qui viennent parler avec mon zhumain. Histoire de récupérer un peu avant l'heure du dîner.

danahilliot, (edited ) to random French

Pour ceux que ça intéresse (les amateurs de jeux et/ou de cultures de l'antiquité méditerranéenne), l'excellente revue Pallas avait consacré l'an dernier un numéro spécial au jeu dans l'antiquité, désormais en accès libre sur OpenEdition !

Avec notamment deux papiers sur les dés truqués !

https://journals.openedition.org/pallas/24392

danahilliot, (edited ) to Candy French

Le député Paul Midy, qui porte le projet de la "fin de l'anonymat" sur les réseaux sociaux, se montre d'une candeur qui laisse dubitative quand il avance (je le transcris de mémoire) l'argument suivant :

"C'est comme avec les plaques d'immatriculation automobiles. La police ne les relie aux propriétaires des véhicules (ne "lève l'anonymat" donc) qu'en cas d'excès de vitesse ou d'autres infractions". Ce sera pareil avec les réseaux sociaux. Il n'est pas question de brider la liberté d'expression." (et blablabla)

Je crois que :

  1. Le député Midy vit au pays de Candy. (Salut les RG 😎 alors comme ça, vous n'avez pas de fichiers de plaques d'immatriculation des bagnoles de vos opposants favoris ? Ouah ! Trop cool ! Trop respectueux des droits de l'homme ! Je psychotais pour rien alors 😅 )

  2. Le député Midy devrait aller faire un stage dans un pays sous régime autoritaire (je l'invite à consulter la liste sur Human Rights Watch ou Amnesty - les occasions de vivre des expériences démocratiques décapantes sur les réseaux sociaux ne manquent dans des régions du monde où l'anonymat, c'est le minimum pour pas finir a minima en prison)

  3. Le député Midy a une vision de l'avenir d'un optimisme qui confine à la niaiserie tant elle est mal informée de l'histoire avec un grand H (sans parler de son manque d'imagination sidérant). S'imaginer que dans 4 ans, 10 ans, 20 ans, etc.. la (f)Rance sera toujours ce paradis démocratique où la liberté d'expression est garantie pour tous les citoyens (hahaha), c'est se fourrer le doigt dans l’œil jusqu'à l'omoplate (voire l'estomac). C'est vraiment un souci, ça, les mecs qui pensent réellement que dans un demi-siècle la (f)Rance sera toujours à peu près dans l'état où elle est maintenant.

Le problème de certaines lois, et notamment des lois de ce genre, c'est qu'une fois votées, elles sont très difficiles à défaire (Coucou les connards qui nous pondent des projets sur le nucléaire sans aucune concertation, projets qui pèseront sur le destin de dizaines de générations sans qu'on leur ait demandé leur avis ! Coucou les connards qui détricotent le droit du travail que peu auront à cœur à mon avis de retricoter ! -- bizarrement, a contrario, il y a des lois qu'on défait très facilement : l'impôt sur les grandes fortunes par exemple : coucou Sarko !)

Bref, et sans parler des autres implications de ce paquet de lois sur le numérique, mon petit Paul, replonge toi dans les livres d'histoire, étudie les politiques coloniales par exemple, quand bizarrement, on s'est empressé de ficher les colonisés, ou, bien évidemment, les systèmes d'identification qui ont cours partout où l'État harcèle, oppresse ou carrément massacre les opposants politiques, les minorités, les religions qui lui déplaisent, et j'en passe.. On se réveille youpilou !

(là j'en profite pour m'exprimer librement et sans prendre garde à mon anonymat, mais pas dit que dans quelques années, il soit encore très prudent de s'exprimer de la sorte sur les réseaux - vaudra sans doute mieux d'ailleurs s'en passer)

joaben,

@danahilliot
il dit que "c'est comme avec les plaques d'immatriculation automobiles" = c'est d'ailleurs pour ça qu'à chaque foutue sortie de péage de ce pays il y a une caméra braquée sur nous. Pour nous PRO.TE.GER.

danahilliot,

Bon c'est pas pour dire, mais ce fil de discussion est en train de se transformer en campagne de harcèlement contre Paul Midy.
Je ne pensais pas voir une chose pareille sur ce havre de paix et de respect mutuel qu'est Mastodon. Je me demande bien qui peut être à l'origine de pareille ignominie ?

😎 😂

danahilliot, (edited ) to random French

Cadeau du soir. (ou pas)

Un extrait du livre bouleversant, radical, génialissime dans sa conception, écrit dans une langue fabuleuse (pour autant que j'en puisse juger) de la grande afroféministe Saidiya Hartman.

Wayward Lives, Beautiful Experiments, s'inscrit à la suite des travaux de Saidiya Hartman qui visent à extirper de l'oubli (et du silence) l'existence et la biographie de personnes qui semblent "sans histoire", ou que l'histoire a effacées de la mémoire. Les deuxièmes et troisièmes générations après l'abolition, évadées des plantations pour migrer dans un autre environnement raciste fondé sur la structure suprématiste blanche, ces grandes villes du Nord, où furent créer les ghettos noirs.

Dans ce livre elle recrée, à l'aide de documents d'archives, de lettres, de photographies, textes historiques, sociologiques, "de réforme sociale", les vies fugitives de ces rebelles rêveuses, aventurières sexuelles, errantes aux abois, émeutières et combattantes.

En voici un bref extrait :

"Les enquêtes et les images sociologiques m’ont laissé froide. Ces photographies n’ont jamais su saisir la belle lutte pour la survie, ni entrevu les modes de vie alternatifs, ni éclairé l’entraide et la richesse communautaire du bidonville. Les images des réformistes et les enquêtes sociologiques ne documentaient que la laideur. Tout ce qui est bon et décent se trouve sur les ruines des modes d’appartenance et de vie proscrits : l’amour non reconnu par la loi, les ménages ouverts aux étrangers, l’intimité publique des rues, les prédilections esthétiques et les excès volontaires des jeunes Noirs. Les mondes sociaux représentés dans ces images étaient destinés à être détruits et éliminés. Les réformateurs utilisaient des mots tels que « progrès », « amélioration sociale » et « protection », mais personne n’était dupe. Le bidonville interracial a été rasé et cartographié en zones homogènes fondée sur une différence absolue. Le ghetto noir était né.

Les légendes transforment les photographies en tableaux moraux, amplifient la pauvreté, organisent et classent le désordre. Quartier nègre. La légende semble se contenter de reproduire l’image, détailler ce qui réside dans son cadre, mais en réalité, elle produit ce qui apparaît. Elle subsume l’image au texte. Les mots attachés à l’image – « disgracieux », « cassé », « typique » – semblent faire partie intégrante de l’image, comme les draps de lit froissés ou les planches qui recouvrent les fenêtres brisées de la cabane. Les légendes indexent la vie des pauvres. Les mots policent et divisent : « quartier nègre ». Annoncent l’ordre vertical de la vie : « Marchandises avariées ». Rendent l’espace domestique disponible pour le contrôle et la punition : « Risque moral dans une seule pièce ». Proclament le crime de la promiscuité sociale : « Huit personnes occupent une chambre ». Administrent la mixité des foules, opérant la ségrégation, et représentent le monde conformément à la ligne de séparation des couleurs : vues de «jeunes filles italiennes », de « garçons avec une casquette » et de « deux nègres dans l’entrée d’un bâtiment délabré ».

Ces images interdisent d’imaginer que la ségrégation ne puisse pas être une sélection naturelle basée sur l’affinité et que les lois Jim Crow n’avaient pas toujours prévalu. Les réformateurs sociaux ont ciblé l’intimité interraciale ou même la proximité ; le problème des filles et le problème nègre ont surgi en même temps, et ces réformateurs ont trouvé dans la liberté sexuelle des jeunes femmes une cible commune. Les craintes de promiscuité, de dégénérescence et d’intimité sexuelle interraciale qui en découlent conduisent à l’arrestation et à l’emprisonnement des jeunes femmes. Les politiques d’amélioration des bidonvilles et de ciblage du vice urbain ont étendu la ligne de démarcation par couleur, en l’absence d’un appareil juridique ou d’une loi statutaire pour l’imposer et la faire respecter. Les réformateurs progressistes et les travailleurs des colonies auront été les architectes et les planificateurs de la ségrégation raciale dans les villes du Nord.

Les photographies ont contraint les pauvres noirs à être visibles en tant que condition du maintien de l’ordre et de la charité, obligeant ceux qui sont tenus d’apparaître à subir le fardeau de la représentation. Dans ces images iconiques des pauvres noirs des villes, des personnes individuelles ont été forcées de suppléer aux grands récits historiques sur le progrès ou l’échec des Noirs, de servir de représentants d’une race ou d’une classe, d’incarner et d’habiter les problèmes sociaux, et de prouver l’échec ou l’amélioration de la situation. Ces photographies prolongent une optique de visibilité et de surveillance qui trouve son origine dans l’esclavage et la logique administrée de la plantation. (Être visible, c’est être la cible d’un redressement ou d’une punition, d’un enfermement ou d’une violence)."

https://outsiderland.com/danahilliot/saidiya-hartman/

danahilliot,

L'extrait en anglais, pour ceux qui veulent goûter la langue de l'autrice (il y a des passages somptueux dans le livre que je vous proposerai au fur et à mesure de ma lecture)

"The surveys and the sociological pictures left me cold. These photographs never grasped the beautiful struggle to survive, glimpsed the alternative modes of life, or illuminated the mutual aid and communal wealth of the slum. The reform pictures and the sociological surveys documented only ugliness. Everything good and decent stood on the ruins of proscribed modes of affiliation and ways of living : the love unrecognized by the law, households open to strangers, the public intimacy of the streets, and the aesthetic predilections and willful excesses of young black folks. The social worlds represented in these pictures were targeted for destruction and elimination. The reformers used words like “improvement” and “social betterment” and “protection,” but no one was fooled. The interracial slum was razed and mapped into homogeneous zones of absolute difference. The black ghetto was born.

The captions transform the photographs into moral pictures, amplify the poverty, arrange and classify disorder. Negro quarter. The caption seems to replicate the image, to detail what resides within its frame, but instead the caption produces what appears. It subsumes the image to the text. The words attached to the image—unsightly, broken, typical—seem almost to be part of the picture, like the crumpled bed-sheets or the boards covering the broken windows of the shack. The captions index the life of the poor. The words police and divide : Negro quarter. Announce the vertical order of life : Damaged Goods. Make domestic space available for scrutiny and punishment : One-room moral hazard. Declaim the crime of promiscuous social arrangements : Eight Persons Occupy One Bedroom. Manage and segregate the mixed crowd and represent the world in fidelity to the color line : View of Italian girls, Boys with Cap, and Two Negroes in Doorway of Dilapidated Building.

Such pictures made it impossible to imagine that segregation was not natural selection based on affinity and that Jim Crow had not always prevailed. Social reformers targeted interracial intimacy or even proximity ; the Girl problem and the Negro problem reared their heads at the same time and found a common target in the sexual freedom of young women. The attendant fears of promiscuity, degeneration, and interracial sexual intimacy resulted in their arrest and confinement. Improving the slum and targeting urban vice extended the color line in absence of a legal apparatus or statutory law to mandate and enforce it. Progressive reformers and settlement workers were the architects and planners of racial segregation in northern cities.

The photographs coerced the black poor into visibility as a condition of policing and charity, making those bound to appear suffer the burden of representation. In these iconic images of the black urban poor, individual persons were forced to stand in for sweeping historical narratives about the progress or failure of the Negro, serve as representatives of a race or class, embody and inhabit social problems, and evidence failure or improvement. These photographs extended an optic of visibility and surveillance that had its origins in slavery and the administered logic of the plantation. (To be visible was to be targeted for uplift or punishment, confinement or violence.)"

danahilliot, to random French

Une température maximale de 33,2°C à Clermont-Ferrand cet après-midi.
(32°C at home, un peu plus loin à l'Est)
+15°C au-dessus des normes 🤔

Le précédent record de chaleur pour un mois d'octobre à Clermont datait du 12/10/1931 (32,2°C)

Encore 30°C à 19h.

La suite en Auvergne (et ailleurs en Europe de l'Ouest) ? De la douceur pendant quelques jours avant un possible retour de la chaleur le week-end prochain, mais surtout :

PAS UNE GOUTTE DE FLOTTE.

Tel qu'on est parti, on pourrait avoir 3 semaines, voire plus, sans un millimètre de pluie. Alors que les derniers mois ont déjà été marqués par un déficit pluviométrique récurrent.

Faut être clair, s'il ne pleut pas cet automne et cet hiver, mais alors vraiment de grosses pluies régulières, et récurrentes, on risque de vivre une situation tout à fait nouvelle concernant la flore et la faune le printemps venu. Sans parler des pénuries d'eau (des restrictions dans l'usage de l'eau en plein hiver ? ça n'a rien d'impossible dans ce nouveau régime climatique. Des coupures d'eau dans les étés à venir ? Faudra s'y attendre. Et qui dit pénurie d'eau dit catastrophe agricole, fucking central nucléaire à l'arrêt ou au ralenti, et j'en passe..)

ours44,
@ours44@mamot.fr avatar

@danahilliot même scénario ici, à peine de quoi faire des tartelettes, pas assez pour des confitures.
Je crois que la cueillette c'est cuit, va falloir passer en mode chasse ... aux bourgeois. Paraît qu'ils se sont bien engraissés cette année.😉

danahilliot,

@ours44
On en a quelques-uns chez nous, grassouillets certes, mais assez avariés faut admettre. Faisandés même. Sortent rarement de leur tanière. faudrait enfumer les entrées des villas pour les en faire sortir. Bon, c'est assez coriace comme viande. On a mangé un notable l'année dernière au village. Histoire de changer du cochon. Franchement, l'assemblée était unanime, le notable, ça vaut pas le cochon, loin de là.

danahilliot, to random French

Soirée citation :

"Hope is not the conviction that something will happen, but rather the conviction that something makes sense, whatever happens"

(l'excellent Gustavo Esteva, ami d'Ivan Illich, et un des penseurs du post-developement. Un recueil de ses principaux articles, la plupart traduits de l'espagnol, a été publié récemment : Gustavo Esteva: A Critique of Development and Other Essays, Routledge, 2022)

C'est une très belle citation (et je suis plongé dans les problématiques d'où elle émerge en ce moment). Mais elle me pose néanmoins souci. C'est le problème des formules bien senties, dont le pouvoir de séduction peut éventuellement causer de petits tremblements de terre (small little earthquakes), mais tout aussi bien sidérer un peu l'esprit. Je m'en méfie souvent.

Car, si l'espoir ne repose pas sur la certitude qu'une chose puisse arriver (sans quoi, effectivement, on n'aurait rien à espérer du tout, juste à attendre que la chose arrive), il n'en reste pas moins que si la chose paraît ne jamais devoir se produire - par exemple une révolution économique anticapitaliste mondiale et une transformation profonde et "pluriverselle" pour parler comme Escobar, des sociétés humaines, qui pourraient réellement nous permettre d'affronter la crise climatique avec justice et dignité (oufffff, désolé !) - bref, s'il est quasiment certain qu'une telle chose ne se produise jamais, alors c'est une maigre consolation de considérer que son espérance ait, malgré tout, du sens. Et il est probable que cet espoir ait à se confronter chaque jour que le diable capitaliste et raciste fait avec le désespoir le plus radical.

(Bon, voilà déjà un élément de ma conclusion, fait le mec qui écrit son bouquin en postant des messages sur Mastodon)

danahilliot, (edited ) to random French

Un des trucs les plus violents qu'on m'ait sorti lors d'une de mes brèves incursions dans le monde académique, c'est : "Ressemblance n'est pas raison"
Un adage qui présente tous les oripeaux de la rigueur scientifique n'est-ce pas ?

J'ai mis du temps à comprendre pourquoi cet adage m'avait tellement blessé à l'époque (c'était il y a 20 ans au moins)

Maintenant que je suis plongé dans des pensées qui tentent de décoloniser l'épistémologie, je comprends mieux. Et prends conscience que ma passion pour les anthropologies "animistes" (et pour les polythéismes antiques !) est venue en quelque sorte s'inscrire en opposition à cette épistémologie occidentale "dans la mesure où elle va de soi, et prétend s'imposer universellement à toute pensée, d'où qu'elle soit" (alors qu'elle s'origine dans la modernité dualiste et coloniale européenne - et ne vaut d'abord que pour les scholars du cru)

On chemine parfois de manière étrange, sans être vraiment conscient des itinéraires que nous empruntons, et puis, un jour ou l'autre (ou jamais), tout devient plus clair (ou plus obscur).

jesuisgavroche,
@jesuisgavroche@mamot.fr avatar

@danahilliot

Me rappelle les rigolos de l'Afis, tiens.

beatricejess,
@beatricejess@masto.bike avatar

@danahilliot
Oui, à la limite ça gâche du papier, mais ça se recycle en PQ😸

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