Au moins 44 journalistes travaillant sur l'environnement ont été assassinés depuis 2009. Vingt-quatre ont survécu à des tentatives de meurtre. C'est ce qu'a rappelé l'Unesco dans un rapport publié hier, à l'occasion de la journée internationale de la liberté de la presse. ☠️
« Qu’ils enquêtent sur la déforestation en Amazonie, la pollution dans les régions industrielles ou l’exploitation minière illégale en Afrique, le caractère éloigné de ces missions ajoute un niveau de risque important », notent les auteurs du rapport.
« Aborder des questions telles que l’exploitation forestière illégale, le braconnage ou le déversement clandestin de déchets implique de dénoncer des actions étroitement liées aux économies locales et parfois internationales. [...]
Ce chevauchement peut provoquer l’hostilité d’un large éventail d’acteurs, notamment des entreprises, des petits opérateurs locaux et des organisations criminelles, qui ont tous intérêt à poursuivre leurs activités à l’abri du contrôle public. »
« Le journalisme environnemental est souvent une activité précarisée, confiée à de petits organes d’information sous-financés et à des journalistes indépendants qui n’ont pas les ressources nécessaires pour atténuer les risques auxquels ils sont confrontés. »
Les attaques contre les journalistes ont augmenté de 42 % entre les périodes 2014-2018 et 2019-2023 à l'échelle mondiale.
« Les acteurs étatiques – police, forces militaires, représentants et employés du gouvernement, autorités locales – sont responsables de la plupart des attaques pour lesquelles des informations sur les auteurs sont disponibles. »
En Europe, c'est la couverture des manifestations écologistes qui expose le plus les journalistes à des entraves de la part des États via leurs forces de police et militaires.
Autre spécificité de la zone Europe et Amérique du Nord, c'est là où les journalistes ont subi le plus d'attaques juridiques, souvent pour diffamation. Parfois, les poursuites sont liées à la couverture des manifestations.
Parmi les 905 journalistes ayant répondu à l'enquête de la Fédération internationale des journalistes et l'Unesco, 70 % ont indiqué avoir fait l'objet d'attaques, de menaces ou de pressions quand ils couvraient les questions environnementales.
Les femmes étant plus exposées au cyber-harcèlement.
Un tiers des répondants ont en outre indiqué avoir été déjà été censurés en interne par leur éditeur en raison de conflits d'intérêts. Près de la moitié ont déclaré s'être déjà autocensurés.
Les journalistes sont également visés par des attaques numériques ou l'espionnage.
L'Unesco publie une liste de recommandations à destination des gouvernements, qui devraient aussi s'appliquer à la France.
En matière d'impunité, l'enquête sur les déboulonnages de roues de la cofondatrice de « Splann ! » Morgan Large n'a pas permis d'élucider le(s) coupable(s).
En matière de répression policière, les journalistes ayant couvert les manifestations écologistes contre le chantier de l'A69 près de Toulouse ont subi des entraves répétées. Alarmant un rapporteur spécial de l'ONU qui s'est rendu sur place.
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