pmorinerie

pmorinerie, 17 days ago

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pmorinerie, 2 months ago

Si ce nom interpelle vaaaaaaguement quelque chose dans un coin de votre mémoire, vous avez sans doute joué à des jeux Nintendo dans les années 90 :)

pmorinerie, 2 months ago

Déjà, c’est un livre épais. Je l'ai lu en plusieurs mois, tranquillou, chapitre par chapitre.

Ça vaut le coup : le bouquin explore plusieurs facettes des mêmes idées centrales, en les développant dans différents chapitres, époques et cultures.

Au début je ne voyais pas trop où il voulait en venir, mais ça s'est clarifié à force d'évoquer plusieurs la même chose de manière différente.

(Et aussi, pour les impatient·es, le résumé sur Wikipédia est très bien : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Au_commencement_%C3%A9tait%E2%80%A6)

pmorinerie, 2 months ago

Donc, l'idée de base, c'est que l'être humain a une grande inventivité pour créer des systèmes politiques, des manières de s'organiser.

Pas seulement à l'époque moderne : sans doute aussi loin que les preuves archéologiques remontent.

Plus on fouille les sites, plus on découvres les cultures humaines, plus on voit que y'a mille façons d'organiser des petits groupes, des villes, des aires culturelles entières.

pmorinerie, 2 months ago

Et le point important : tout ça sans déterminisme, lié par exemple à l'économie ou à la taille du groupe.

pmorinerie, 2 months ago

• Concernant l'économie/la production de nourriture, le bouquin cite des sites où l'agriculture se pratiquait non pas en continu, mais de manière intermittente, ou semi-annuelle. Pas parce que les gens ne savaient pas faire mieux : mais parce qu'ils préféraient comme ça.

Ou encore des peuples de Californie du nord, presque sur le même territoire, avec les mêmes ressources de poisson – mais ayant des organisations politiques radicalement différentes (par exemple libertaires ou esclavagistes).

pmorinerie, 2 months ago

• Et sur le déterminisme de taille du groupe, le livre cite des fouilles archéologiques d'une ville de centaines ou milliers de familles. Cette ville a d'abord été sous des régimes très hiérarchiques, puis après un basculement très égalitaires (faute d'un meilleur mot).

Ou encore une ville égalitaire, mais devenue très hiérarchique, puis qui a été abandonnée – entrainant un refus culturel des chefs trop puissants dans toute la région pendant des centaines d'années après.

pmorinerie, 2 months ago

Mais pourquoi insister autant sur le refus du déterminisme matériel ? Que l'avènement de l'agriculture ou des villes n'entraine pas un mode politique unique (typiquement celui de l'État moderne) ?

Parce que c'est généralement le présupposé qu'on a tous en tête, depuis les Lumières.

pmorinerie, 2 months ago

C'est l'histoire classique de Rousseau : au début des petits groupes de chasseurs cueilleurs pouvaient bien être égalitaires.

Mais paf, on découvre l'agriculture, et sans même sans rendre compte ça entraine la propriété, les excédents, l'administration centrale, les riches, l'État, l'inégalité. C'est mathématique. L'État et les inégalités, c'est l'aboutissement du progrès, c'est comme ça.

Sauf que, dit le bouquin, c'est historiquement faux.

pmorinerie, 2 months ago

La marche vers l'État moderne n'est pas linéaire, elle n'est pas déterminée. En tout cas c'est ce que le livre s'attache à prouver, à travers plein d'exemples.

Que les peuples n'ont pas été « pris au piège de l'agriculture » : ils l'ont pratiqué de manière non-permanente pendant des millénaires, sans doute justement pour ne pas tirer avec les désavantages de la sédentarisation.

Qu'on peut avoir des villes auto-organisées – ou pas. Mais il n'y a pas de déterminisme là dessus, c'est un choix.

pmorinerie, 2 months ago

Autre sujet abordé par le bouquin : la question de l'émergence de l'État.

Essentiellement, c'est pour dire que la question n'a de sens que si on considère l'État comme quelque chose qui doit émerger, dans un processus historique. Et qui reste là une fois qu'il a émergé (sauf effondrement de civilisation).

pmorinerie, 2 months ago

À la place, les auteurs préfèrent un découpage plus fin de ce que c'est qu'un "état". Ils voient trois points :

1. La souveraineté : la tête a-t-elle le pouvoir de faire respecter ses décisions là où elle n'est pas ? Typiquement via la violence légitime

2. La bureaucratie : il y a-t-il une administration centrale et un contrôle de l'information efficace ?

3. La concurrence charismatique : les potentiels leaders politiques mettent-ils en scène des luttes/jeux entre eux ?

pmorinerie, 2 months ago

À partir de là, ils notent que des systèmes politiques peuvent comporter un, deux, ou trois de ces éléments de domination de l'État (avec plein d'exemples).

Et parfois avancer sur la voie d'un État, mais parfois revenir à quelque chose de plus vivable.

pmorinerie, 2 months ago

Y'a aussi des trucs super intéressants sur la manière dont certaines idées des Lumières sur l'égalité se sont formées à partir de la critique contemporaine des indiens d'Amérique, qui découvraient le fonctionnement européen, et avaient parfois un avis très clair dessus. C'est absolument fascinant, mais j'abrège.

Si ça vous intéresse, je vous recommande Wikipédia pour un réumé – ou une pré-publication de ce chapitre en accès libre (et en français) ici : https://www.journaldumauss.net/?La-sagesse-de-Kandiaronk-la-critique-indigene-le-mythe-du-progres-et-la

pmorinerie, 2 months ago

Et puis là je donne les principaux arguments – mais en vrai les descriptions d'exemples historiques sont très chouette à lire.

C'est vraiment un truc que j'aime bien dans l'archéo et l'anthropologie : lire des exemples d'organisations radicalement différentes de la nôtre, et se dire qu'on pourrait bien en faire tout autant.

pmorinerie, 2 months ago

Bref, conclusion de tout ça : ne restons pas bloqués dans la forme de l'État moderne, recommençons à inventer plein de choses, si si c'est possible :)

/end

pmorinerie, 8 months ago

@Signez ah trop cool de streamer de la contrib’ à un logiciel !